Antisémites, hors de nos luttes !

Juifs et Juives révolutionnaires, nous sommes présentEs dans les luttes sociales actuelles à travers nos syndicats, nos collectifs de lutte. Nous combattons ce gouvernement qui mène une politique au service de la bourgeoisie, dans la lignée des gouvernements qui l’ont précédés. Les attaques qu’il mène contre les conquètes sociales du mouvement ouvrier nécessitent la construction d’une riposte d’ampleur de notre classe, riposte à laquelle nous contribuons au sein de notre classe, dans la continuité du mouvement ouvrier juif révolutionnaire qui s’est toujours inscrit dans un mouvement de classe.

Nous n’acceptons pas que se diffusent des discours antisémites dans nos luttes. C’est pourtant une réalité aujourd’hui que chacune et chacun doit combattre.

Quand un manifestant de la « marée populaire » brandit une affiche sur laquelle Macron porte un uniforme SS, c’est une relativisation du nazisme et c’est à combattre.
Quand des marionettistes reproduisent une caricature de Macron avec un nez évoquant les caricatures antisémites des années 30, c’est de l’antisémitisme, et c’est à combattre.
Quand des manifestants décrivent le combat contre la politique antisociale du gouvernement comme un combat « contre le sionisme », c’est de l’antisémitisme et c’est à combattre.
Cet antisémitisme a une histoire : celui d’un antisémitisme « social »(sic) qui puise son explication du monde dans les théories du protocole des sages de sion, qui pense que la politique qu’un « complot juif» et « sioniste » qui tiendrait les reines de l’économie.
Cette vision désigne les juives et les juifs comme cible de la colère populaire et protège ainsi la bourgeoisie. Elle représente un danger physique pour nous les juives et les juifs, car après les discours, viennent les actes violents. Elle représente aussi un danger pour le mouvement ouvrier et révolutionnaire : en substituant une analyse raciste à une analyse de classe, elle vient ainsi affaiblir la construction d’un rapport de force effectif permettant la remise en cause du système capitaliste. Car la politique menée par le gouvernement est le résultat de la lutte des classes, d’un conflit d’intérêts qui oppose en permanence les travailleurs et travailleurs d’une part, du public ou du privé, avec ou sans emploi ; et patrons et actionnaires, d’autres part. Ce conflit d’intérêts structuré autour de la propriété privée des moyens de production, du système marchand et des rapports sociaux de productions qui en découlent n’a rien à voir avec un complot : la bourgeoisie défend ses intérêts de classe, en essayant de maintenir et d’augmenter son taux profits, ce qui passe inévitablement par la volonté de liquider les conquètes ouvrières : en augmentant le temps et la durée du travail, en baissant les salaires, en précarisant et développant le chômage, il s’agit d’accaparer une part plus importante des produits du travail. Le gouvernement mène une politique de classe dans la mesure ou le rapport de force le lui permet. Aujourd’hui, le recul de la syndicalisation, la désorganisation de notre classe, sa division par les mécanismes du système raciste et des différents systèmes de domination a ouvert la voie à une offensive majeure. Tout cela n’est pas l’oeuvre d’un quelconque « complot » mais d’une politique de classe assumée. Pour faire reculer cette politique il est nécessaire d’en identifier les causes réelles : la lutte des classes qui n’a jamais cessé car elle est l’expression du rapport social capitaliste ; les intérêts de classe défendus par la bourgeoisie ; le recul de la conscience, de l’organisation et de la combattivité de notre classe ; le lien entre ce recul notamment et la progression d’une vision du monde raciste.

La lutte contre l’antisémitisme, lorsqu’il s’exprime dans nos luttes, n’est donc pas une affaire secondaire. C’est une nécessité pour les juives et les juifs, mais c’est aussi une nécessité pour les travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi, actifs/ves ou retraité.e.

 

Publié initialement sur Facebook le 28 mai 2018