Depuis ce 4 mai Paulette Sarcey, figure de la Résistance juive n’est plus.

Née Paula Szlifke le 11 avril 1924 dans une famille juive polonaise yiddishophone réfugiée à Paris, elle grandit à Belleville au sein du Paris populaire, des ouvriers de la confection et du cuir, des mouvements de jeunesse communistes, des organisations juives militantes et d’entraide, du théâtre yiddish et du quotidien parisien en yiddish, Naïe Presse duquel elle participe à la diffusion par la vente de rue. Ses parents sont militants communistes, son pere est du syndicat CGT des cuirs et peaux.

C’est donc formée à une combattivité exercée qu’elle va faire face à l’invasion hitlerienne au côté d’autres jeunes issus comme elle des rangs de la MOI.

Avec ses camarades et son jeune compagnon de combat Henri Krasucki, elle devient la résistante Martine et se consacre à des activités de propagande antinazi par la production de tracts au moyen de petites presses d’imprimerie destinées aux enfants ou en mettant au point d’ingénieux systèmes de projection de tracts à retardement. Elle intègre professionnellement une usine de confection de vêtements en fourrure en vue de saboter afin d’empêcher la fourniture d’équipements destinés à l’armée allemande.

Après une dénonciation, elle est arrêtée par la police française le 23 mars 1943.

« sauvez-moi, je suis juive et terroriste » dit-elle au médecin qu’elle a demandé à voir pendant sa détention. En dépit de sa complicité en lui diagnostiquant une affection imaginaire, elle sera finalement déportée à Auschwitz après un passage par Drancy. Liée à la résistance interne du camp, elle survie, et à l’approche de l’armée soviétique elle est évacuée dans les marches de la mort jusqu’au camp de Neustadt-Glewe dont elle finalement libérée le 2 mai 1945.

De retour à Paris, Paulette Sarcey fait partie des sept survivants de la cinquantaine de jeune camarades arrêtés deux ans plus tôt. Elle renoue avec son activité militante et devient permanente dans l’Amicale des anciens déportés juifs de France et s’engage auprès de l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide dont restera membre et responsable jusqu’à sa mort. Au sein de cette organisation elle participe juste après la guerre à l’accueil éducatif et aux colonies de vacances pour les orphelins de la Shoah.

En déportation elle s’était engagée à témoigner, ce qu’elle fera sans relâche, elle publiera « Paula, survivre obstinément » (Tallandier éditeur) en 2015.

Les militants de JJR se joignent à la peine de ceux qui ont connu Paulette Sarcey et lui rendent l’hommage qui est dû à cette figure d’engagement de militantisme juif. Elle a incarné une vie de combativité et de résistance au fascisme ; en maintenant sa position de témoin, elle a soutenu le combat rendu hélas indispensable contre l’entreprise négationniste.

Retrouvez Paulette Sarcey dans un extrait de ce film consacré à cette jeunesse en luttes et ses camarades de combats (Réalisé en 2015 par Mourad Laffitte et Laurence Karsznia)