Aux États-Unis, suite à la défaite de Donald Trump, des fascistes ont pris d’assaut le Capitole, alors que les représentants et sénateurs se réunissaient pour certifier la victoire de Joe Biden. Cet assaut est l’effet prévisible de la campagne menée par Donald Trump qui semble prêt à tout pour conserver le pouvoir. Sa campagne s’est appuyée en premier lieu sur les réseaux suprémacistes blancs dont il a largement encouragé le développement avant et pendant son mandat. Cinq personnes sont mortes. Il s’agit bien d’une tentative de coup d’État, et au-delà des émeutiers, il y a eu le soutien, au moins passif, d’une partie de l’appareil policier.
Le contraste est ainsi saisissant entre la complaisance dont les forces de police ont fait preuve à l’égard des fascistes et la répression violente à laquelle ont été exposées les manifestations Black Live Matter, notamment suite à la mort de Georges Floyd. On peut d’ores et déjà se poser la question : si une situation similaire se reproduisait en France, quel camp choisiraient les forces de police ?
L’attitude complaisante de tout ou partie des forces de l’ordre et d’une partie au moins de la bourgeoisie devant l’agitation fasciste est une constante historique : les prétendues « révolutions » fascistes sont très souvent des situations où le pouvoir est cédé par l’appareil armé de la bourgeoisie, alors que les tentatives insurrectionnelles du mouvement ouvriers ont toujours été confrontées à une répression sanglante et intransigeante.
Un second fait notable, qui se vérifie une nouvelle fois, est que si les fascistes peuvent accéder au pouvoir par les urnes et prétendre « jouer le jeu démocratique » dans la phase initiale d’accession au pouvoir, ils ne renoncent jamais par eux-même au pouvoir une fois installés, et n’hésitent devant aucune méthode pour le conserver.
Troisième fait et non des moindres, l’antisémitisme comme la négrophobie sont des éléments centraux de l’idéologie supprémaciste blanche : comme en témoignent la présence au Capitole de très nombreux symboles négrophobes (drapeau sudiste, drapeaux du Klu Klux Klan, corde de pendu) et antisémites (tee-shirts « Six Millions weren’t enough » (« Six millions n’étaient pas assez »), « camp Auschwitz », symboles nazis), ainsi que les propos racistes et antisémites tenus par de nombreux manifestants.
C’est l’occasion de rappeler que les minorités, et particulièrement les Juifs, sont une cible classique des discours conspirationnistes qui imaginent un groupe caché derrière les guerres, les épidémies, les mouvements migratoires (en témoigne par exemple l’obsession pour George Soros de la part de Trump et de ses soutiens).
En France, les fascistes se sont réjouis de cet assaut. Mais Trump a également bénéficié d’une certaine complaisance largement au-delà des fascistes : on a vu ainsi fleurir sur les réseaux sociaux des protestations contre le bannissement de Twitter de ce dernier.
Quatrième fait notable : malgré l’importance qu’ont pris l’idéologie violemment antisémite et les mouvements qui s’en réclament, certains ouvertement néo-nazis, Trump continue de bénéficier du soutien plein et entier de la droite sioniste (comme le montre par exemple la ligne du site internet Dreuz) qui n’a aucun scrupule à sacrifier les Juives et Juifs en diaspora sous prétexte que Trump serait un soutien fervent du gouvernement israélien et de la politique coloniale en Palestine.
En France aussi les idéologies fascisantes sont en plein essor, et l’antisémitisme, comme plus largement l’idéologie raciste est en progression. Les mouvements suprémacistes blancs, leurs discours, peuvent compter sur le soutien d’une fraction de la bourgeoisie, qui entend également faire la promotion de ses intérêts impérialistes, notamment en Afrique. C’est le cas notamment de Bolloré, qui à travers ses médias (CNews en particulier), mène ouvertement campagne pour l’accession au pouvoir du Rassemblement national. Cette chaîne sert de tribune aux discours racistes, islamophobes et antisémites, de réhabilitation des figures du nationalisme et du suprémacisme blanc en France (Maurras, Pétain), et aux discours de négation de la violence antisémite, raciste et coloniale.
En France aussi, on trouve des sympathisants du mouvement QAnon, trumpistes, qui rêvent d’une prise de pouvoir militaire contre des ennemis fantasmés désignés comme « mondialistes / pédophiles / satanistes / antifas », ou plus modestement qui regardent Hold-Up et se font l’écho des théories complotistes. Ils ont des relais politiques à l’extrême droite (comme Florian Philippot) et à la faveur de la pandémie et de la mauvaise gestion de celle-ci,leurs théories se sont énormément diffusées. Il y a fort à parier qu’elles continueront à se diffuser, légèrement modifiées, après l’accession de Joe Biden à la Maison Blanche.
La France a aussi ses militants de droite sioniste qui tolèrent l’antisémitisme lorsqu’il provient de soutiens au gouvernement israélien et à la colonisation en Palestine.
Nous l’affirmons donc : la lutte contre ces théories est partie intégrante du combat antiraciste, antifasciste et démocratique. L’unité populaire antiraciste est une nécessité, et la prise en compte de la question de l’antisémitisme est incontournable, sauf à jouer le jeu des suprémacistes blanc. La lutte contre l’antisémitisme n’est pas soluble dans le colonialisme. Continuons de nous unir et de nous organiser pour opposer à l’offensive fasciste une contre-offensive de classe, antiraciste et populaire !
