Celles et ceux qui pensent, en votant Le Pen, faire barrage à une politique répressive et libérale choisissent l’option du suicide. Si Le Pen est soutenu par une fraction de la bourgeoisie tel Bolloré, c’est bien parce qu’elle en porte les intérêts. Si Le Pen est largement soutenu par les policiers, en particulier celles et ceux qui ont revendiqué les éborgnements et les violences policières, c’est bien parce qu’ils et elles la voient comme un soutien de premier plan.
Les Macronistes ont laissé prospérer les idées fascisantes pendant cinq ans, en ont plusieurs fois été les porteurs, tantôt par conviction, tantôt par cynisme. La montée de l’extrême droite est avant tout leurs responsabilités, car le gouvernement qu’ils ont porté à eu le pouvoir de changer le cours des choses. Il y a de quoi être en colère contre eux car ils ont au contraire rendu la victoire de Marine Le Pen envisageable.
A ceux qui voteraient pour le RN par anti-macronisme. Vous creusez votre propre tombe et la nôtre avec. Même si vous avez pu vous laisser berner par la soi disant dédiabolisation du RN, regardez qui sont ses dirigeants, qui peut-être bientôt occuperont des postes ministériels, regardez l’histoire de ce parti. Pas une voix ne doit aller à Marine Le Pen !
A notre camp social, quelles que soient les divergences tactiques que nous pouvons avoir vis à vis des élections, nous voulons dire :
Aux abstentionnistes : nous comprenons votre dégoût de la situation actuelle, de même que nous comprenons les travailleurs et les travailleuses qui, après avoir subi plusieurs décennies de politique libérales seraient dégoûtés de mettre le bulletin Macron dans l’urne. Certains d’entre nous ont fait le même choix. Mais nous sommes aussi très inquiets du risque que représente le fascisme au pouvoir et le fait qu’il soit sur le point d’y parvenir. Ne renvoyons pas dos à dos fascisme et bonapartisme. Bien sûr, aucun n’est désirable et les deux sont à combattre, mais ils ne représentent pas le même degré de menace. Combattons ceux qui banalisent le fascisme et ne nous illusionnons pas sur les capacités actuelles de riposte de notre camp en cas de victoire fasciste. Prenons toutes nos responsabilités pour reconstruire les contre-pouvoirs dont nous avons besoin.
À toutes celles et ceux qui ont choisi le vote antifasciste pour sortir le Pen le 24 avril: nous comprenons le choix fait à contre-coeur. Nous savons qu’il ne signifie aucunement donner un blanc seing mais soyons conscients que Macron ne manquera pas d’essayer d’utiliser ce vote comme il l’a fait en 2017, en poursuivant la politique qui a accéléré la dynamique de fascisation en cours. Nous sommes conscients qu’il n’est pas un « vote barrage » au fascisme mais un « vote frein », qui permettrait avant tout d’obtenir un peu plus de temps pour reconstruire. Reconstruire le seul barrage durable au fascisme qui est la reconquête du rapport de force de classe, d’une hégémonie politique pour le camp progressiste et antiraciste. Nous sommes conscients que cela passe par le renforcement des organisations de contre-pouvoir: syndicats, collectifs antiracistes, collectifs féministes, collectifs LGBTQI, et que nous ne devrons pas renoncer à l’ampleur de cette tâche, aux difficultés et aux contradictions à gérer qu’elle suppose, au lendemain du second tour.
Le plus important reste en effet la claire conscience de la menace fasciste et de la volonté d’y faire face pour continuer d’œuvrer à la réparation du monde.
Hag Sameah. Que la fin de Pessah ne coincide pas avec le retour de notre servitude.
