Le second tour des élections législatives a mené au parlement un nombre important de députés d’extrême droite. Cette progression permettra au RN d’augmenter sa visibilité, ses financements, son activité institutionnelle et la formation de ses cadres. Grâce à elle, ce parti pourra continuer sa campagne de « dédiabolisation » visant à le faire apparaître comme jouant le jeu des institutions républicaines. Il est aidé sur ce point par LR et LREM, dont les députés n’ont pas hésité à élire deux vice-présidents RN à l’Assemblée Nationale.

Le FN a été inventé par des groupes fascistes, notamment Ordre Nouveau, pour être leur vitrine respectable. Une partie de ses fondateurs étaient des collaborationistes, certains se sont durant la Seconde Guerre mondiale engagés dans la SS, d’autres se sont plus tard investis en faveur de l’Algérie Française (comme l’a rappelé le discours de nostalgie coloniale que le député José Gonzalez a tenu à l’Assemblée Nationale lors de la séance inaugurale). Le programme de ce parti a toujours été centré sur la lutte contre l’immigration et sur la notion raciste de « préférence nationale », c’est à dire la diminution des droits des étrangers résidents en France. On ne peut plus compter dans l’histoire de ce parti les sorties racistes, islamophobes et antisémites de ses cadres, qui démontrent que cela constitue son fond idéologique. Le RN au pouvoir, cela signifierait une répression accrue des mouvements sociaux, la militarisation et l’impunité organisée des forces de police, la légalisation et la diffusion des thèses négationnistes, la multiplication de lois visant les pratiques religieuses juive et musulmane, la mise sous coupe des institutions républicaines, la limitation ou la fin du droit à l’avortement, du mariage entre personnes du même sexe, etc. Cela constituerait donc une catastrophe pour les Juifs et les Juives comme pour toutes les minorités. Certains membres de notre minorité soutiennent l’extrême droite, focalisés sur un péril islamiste qui est en France en grande partie fantasmé, ils pensent que les héritiers idéologiques de ceux qui ont assassiné nos ancêtres pourront les en protéger. C’est bien entendu un pari suicidaire.

Le fait que dans de si nombreuses circonscriptions une majorité des suffrages exprimés se soit porté sur les candidats du RN est donc extrêmement inquiétant. La campagne de LREM visant à renvoyer dos à dos l’extrême droite et la gauche sociale démocrate en est en partie responsable, de même que le soutien actif dont l’extrême droite bénéficie de la part d’une frange de plus en plus large de la bourgeoisie prête à soutenir un programme raciste et interclassiste (comme le groupe Bolloré), mais cette progression s’explique aussi par une désillusion vis-à-vis des forces progressistes, qui échouent depuis des décennies à proposer une alternative crédible au système capitaliste ainsi qu’à démontrer la nécessaire solidarité du monde du travail. Cette dernière ne pourra se construire qu’en prenant en compte la diversité de celui-ci, c’est à dire en intégrant les luttes contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, etc. C’est le sens du combat de JJR. Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.