Il y a quelques semaines, la sociologue antiraciste et féministe Illana Weizman a publié un livre, intitulé « Des blancs comme les autres ? Les Juifs, angle mort de l’antiracisme », qui a suscité certains débats.

Cet ouvrage correspond dans les grandes lignes aux positions développées par notre groupe depuis sa création. Divisé en quatre chapitres, il évoque tour à tour l’antisémitisme historique et actuel, le vécu de l’autrice, la question de l’antisémitisme à gauche, et termine par un appel à la convergence antiraciste comme moyen de sortir de l’ornière.
Dans chacun de ces chapitres, Illana Weizman prend position de manière claire et pédagogique sur un certain nombre de sujets, du refus de la théorie du « nouvel antisémitisme » à la revendication du traitement de l’antisémitisme comme question séparée de la cause palestinienne, en passant par l’explication d’une continuité entre antijudaïsme religieux et antisémitisme racial (par le biais de la limpieza de sangre espagnole notamment) et par la dénonciation des réticences de la gauche à considérer l’antisémitisme comme un racisme, notamment lorsque des Juifs et des Juives sont assassiné.e.s. Sur tous ces sujets, ses analyses rejoignent les nôtres. Elle arrive également de manière très claire à faire le lien entre son vécu personnel et la situation générale des Juives et des Juifs de France, exercice pourtant difficile que celui d’élargir sa propre expérience au collectif. Destiné à un public large et parfois peu au fait de ces questions, cet essai est écrit de manière claire, lisible et compréhensible, bien plus peut-être que ce que nous aurions pu rédiger.
Sur des sujets aussi denses que l’antisémitisme et la situation de la minorité juive de France, il aurait été impossible d’être exhaustifs et si le livre d’Illana Weizman dit déjà beaucoup nous ne pouvons qu’espérer d’autres ouvrages d’une même qualité pour approfondir certains thèmes, comme celui de la fonction sociale de l’antisémitisme, que nous estimons à JJR liée à la définition par exclusion d’une « majorité nationale » ainsi qu’à une politique coloniale de maintien de l’ordre ; de l’analyse du phénomène Zemmour, où des idées antisémite deviennent acceptables si elles sont prononcées par un membre de notre communauté et accompagnées d’un discours violemment islamophobe ; où des débats parfois brûlants du twitter militant autour des théories d’Houria Bouteldja.
Nous avons en tout cas lu ce livre avec un grand plaisir et invitons nos lecteurs et lectrices à en faire autant et bien entendu à le prendre pour ce qu’il est : un appel à la réflexion mais plus encore à l’engagement au sein des luttes contre le racisme et l’antisémitisme et à la convergence de celles-ci.
