Depuis plusieurs jours, des émeutes ont lieu dans un certain nombre de villes de France et d’outre mer suite à l’assassinat de Nahel, abattu par la police. Face à une police raciste et meurtrière, la révolte est légitime. Les seuls responsables de celle-ci sont les gouvernements successifs qui, depuis des décennies, ont laissé prospérer le racisme et l’impunité parmi les soi-disant « Forces de l’ordre ».
Suite au meurtre, les syndicats policiers ont fait publiquement assaut d’indécence : France Police se réjouissant de la mort d’un jeune, Alliance et l’UNSA Police parlant de « guerre » contre des « nuisibles ». Ces déclarations augurent bien mal de ce qui se déroule dans les rues et les commissariats, loin des caméras, et qui est depuis longtemps dénoncé. La fascisation de la police couve et s’aggrave depuis longtemps. Elle est aujourd’hui ouvertement assumée. L’institution policière et les médias réactionnaires chauffent à blanc une partie de la population comme on l’on a vu à Lorient ou à Angers, où certains se constituent en milices et profitent du boulevard non seulement toléré mais ouvert par l’État lui-même, comme le montre également le montant exorbitant atteint par la cagnotte levée en soutien à l’assassin.
Depuis le meurtre de Nahel et du fait de cette situation comme de la colère légitime qu’elle engendre, trois autres personnes ont perdu la vie en Guyane, à Marseille et en Seine-Maritime, plusieurs centaines de jeunes ont été interpellés, jugés en comparution immédiate et incarcérés pour des délits mineurs, ou blessés. Sur le plan matériel, de nombreuses voitures, services publics et commerces ont été brûlés. Parmi les dégradations, le mémorial aux martyrs de la déportation et de la Résistance de Nanterre a été tagué. Ce sont donc avant tout les habitant·es des quartiers populaires qui souffrent non seulement des violences policières, mais également de leurs conséquences sur leurs emplois, leurs vies quotidiennes, leurs cadres de vie, et sur leurs lieux de mémoire qui sont ici également les nôtres.
Comme à l’accoutumée, cette période de révolte aura également vu réapparaître des appels au calme incessants et moralisateurs, la culpabilisation des parents prétendument incapables de « tenir leurs enfants » et les rodomontades des gouvernants jurant que la République triompherait. Autant d’illustrations du positionnement de la bourgeoisie blanche qui enjoint à ne pas verser dans la violence tout en feignant d’ignorer que la première des violences, en chronologie comme en brutalité, émane bien d’elle. La seule solution durable, loin de résider dans une militarisation du maintien de l’ordre ou dans une mise sous coupe réglée des quartiers populaires, passe par la justice sociale et la fin du système raciste, qui ne peut elle-même se dispenser de la fin de l’arbitraire d’une police raciste et de plus en plus franchement factieuse.
