Gmar hatima tova et tsom kal à toutes et tous en cette veille de Kippour.
Nous pensons particulièrement aux femmes qui jeûnent tout en restant à la maison pour s’occuper des enfants et des repas, pendant que les hommes vont à la synagogue. L’interdiction religieuse de porter, y compris un enfant ou une poussette, est prétexte à ce que les femmes restent à la maison. Ce partage genré des rôles dans le couple hétérosexuel aboutit à la non présence des femmes à la synagogue à Kippour. Cela doit changer.
Une petite histoire pour l’occasion :
À la synagogue, le rabbin remarque l’absence de Moshé. C’est inhabituel, Moshé est très pratiquant et aujourd’hui c’est Kippour, jour très important où on demande pardon. Il s’inquiète, mais où est donc Moshé, lui qui est toujours assidu, toujours au premier rang à prier avec ferveur ? Moshé est quasiment son chouchou dans la synagogue, toujours le premier arrivé et le dernier parti, toujours volontaire, il connaît tout par cœur, presque mieux que lui, habituellement c’est presque s’il ne lui souffle pas ce qu’il doit dire durant les cérémonies.
Après un temps, il remarque quelqu’un qui arrive en retard et s’installe tout au fond, c’est Moshé. Mais que lui arrive-t-il ? Et aujourd’hui, il semble distrait, il regarde même son téléphone, incroyable, le jour de Kippour en plus ! Mais que se passe-t-il ?
Le lendemain, il décide d’éclaircir le mystère et va voir Moshé pour lui demander ce qui se passe.
– Rabbin, c’est vrai, hier le cœur n’y était pas, je ne voyais pas pourquoi demander pardon, je me suis bien comporté, je n’ai rien fait de grave. Et puis franchement rabbin, est ce que c’est à moi de demander pardon ?
Le rabbin s’étonne, mais sinon, à qui alors ?
– Ça serait pas plutôt, pour une fois, à D.ieu de nous demander pardon ? Pour la réforme des retraites, la guerre en Ukraine, l’antisémitisme, le RN aux portes du pouvoir, le changement climatique, le coût de la vie qui augmente et nos salaires qui stagnent, les violences policières, les migrant·es qui meurent en Méditerranée, et tout le reste ?
Le rabbin s’étrangle. Qu’est-ce qui lui prend donc ? Mais Moshé continue :
– Alors rabbin, tout ça, je l’ai dit à D.ieu, parce que je pouvais pas le garder pour moi. Ça n’avait pas de sens de ne rien Lui dire. Et il m’a répondu.
Là, le rabbin s’inquiète.
– Oui, rabbin, il m’a répondu. Il m’a dit « C’est vrai Moshé, j’avoue, c’était pas génial cette année. Tu as raison. Je suis désolé, j’espère que tu me pardonnes. » J’étais un peu de court, alors je lui ai dit « Écoute, c’est pas très grave, tout le monde peut faire des erreurs, essaie juste de faire mieux l’année suivante. »
À ce moment s’en est trop, le rabbin explose, perdant son calme, il devient tout rouge et hurle sur Moshé : « ENFIN MOSHÉ, TU TE FICHES DE MOI ? TU ES COMPLÈTEMENT INCONSCIENT ??? D.IEU TE DEMANDE PARDON ET TU LE LAISSES S’EN SORTIR AUSSI FACILEMENT ??? »
