En Syrie comme ailleurs, à bas les tyrans !

Il est difficile de comprendre et de résumer la suite d’événements ayant mené à la chute du régime criminel de Bachar el-Assad. En effet, les treize ans de guerre civile qui ont suivi le soulèvement populaire de 2011 et sa repression sanglante ont donné lieu à de multiples interventions extérieures (de la part de l’Iran, de la Russie, de la Turquie, d’Israël, des États-Unis, de la France, etc.) ; durant cette période, les groupes opposés au régime se sont multipliés, divisés, recomposés. 

Ainsi, la coalition qui vient de faire tomber le régime est menée par des djihadistes, mais regroupe également des milices soutenues par la Turquie ainsi que des groupes armés locaux. Elle a profité de l’affaiblissement du Hezbollah dû aux bombardements israéliens ainsi que de la fixation de l’armée russe en Ukraine. Elle affirme pour l’instant ne pas vouloir s’en prendre aux minorités ni imposer son propre projet politique mais au vu des exactions dont ses principales composantes ont fait preuve dans le passé, il n’est pas du tout certain que cette situation dure. Leur relation avec les forces kurdes est également source de grandes inquiétudes. Quoi qu’il en soit, il est peu probable (mais non impossible) que leur victoire débouche sur un régime progressiste ou démocratique. Cela dependra avant tout de la mobilisation des forces sociales et de la consolidation d’un pole progressiste fort en Syrie. 

Dans tout les cas de figure, une chose est extrêmement claire depuis des années : à l’image de son père, Bachar el-Assad figure parmi les plus grands criminels contre l’humanité de ce siècle aux côtés de Poutine, de Netanyahou et de Hemeti. Comme eux, sa place est devant un tribunal international. Avec ses alliés russes, iraniens et du Hezbollah, il est directement responsable de l’assassinat de centaines de milliers de personnes. Il a fait raser des villes entières à coups de bombes-barils, bombarder des hôpitaux et exécuter des milliers d’opposant·es dans ses prisons abattoirs. Il a favorisé l’émergence des forces djihadistes, elles mêmes coupables de multiples exactions, afin de se présenter comme l’ultime recours pour les minorités et d’affaiblir le soutien internationtal à la revolte. Treize millions de Syrien·nes ont été déplacé·es du fait de ses crimes.

Malgré tous ses méfaits, le tyran a bénéficié d’un certain nombre de relais politiques et médiatiques en France. Ceux-ci se comptent principalement au sein de la droite et de l’extrême-droite (comme Jean Lassalle, Thierry Mariani ou Frédéric Châtillon), mais également dans certaines franges de la gauche (comme Jean-Luc Mélenchon ou Youssef Boussoumah). Leurs motivations : le campisme, le complotisme, l’attrait des régimes autoritaires, ou la corruption. De manière plus large, si on excepte la coalition internationale contre l’État Islamique ainsi qu’un certain soutien envers le projet à l’œuvre au Rojava, la solidarité avec les peuples de Syrie n’a pas mobilisé autant qu’elle l’aurait dû. Il faudra en tirer les leçons si nous voulons reconstruire une gauche réellement internationaliste.

Si nous nous réjouissons de la chute de Bachar el-Assad et de ce qu’elle implique, notamment pour les prisonnier·es politiques qui sont aujourd’hui libéré·es, pour les peuples de Syrie la route est encore longue afin de profiter de la paix, de la justice et de la liberté. Celle-ci ne pourra prospérer que dans l’édification d’une alternative réellement démocratique, respectueuse des peuples et des minorités et exempte de toute influence impérialiste, quelle qu’elle soit. 

Le tyran et ses amis députés français
La télévision française relayant sa propagande
Enfant prisonnier libéré des geôles d’Assad à Sednaya