Depuis quelques jours, Joann Sfar, Delphine Horvilleur, Anne Sinclair et d’autres personnalités juives sont la cible d’attaques extrêmement violentes sur les réseaux sociaux. Ils ont en effet publiquement condamné les récentes déclarations du gouvernement israélien, qui assume de manière de plus en plus décomplexée ses projets de nettoyage ethnique.
Immédiatement, ils ont été accusés de trahison par des éléments de la frange la plus droitière de la minorité juive de France. Selon eux, la situation de guerre imposerait de taire toute critique au sein de la minorité juive. Comme si la reconnaissance du massacre commis le 7 octobre 2023 par le Hamas et ses alliés impliquait le silence quant aux crimes commis par l’armée israélienne. Comme si du fait d’être Juif·ves il nous était interdit de dénoncer les crimes commis par d’autres Juif·ves. Comme si la conscience de l’antisémitisme y compris au sein de la gauche française devait avoir comme corollaire l’alignement sur l’extrême-droite israélienne. Répétons-le : Quels que soient nos liens avec Israël, aucun devoir de solidarité ne nous lie avec des criminels contre l’humanité !
Plutôt que de soutenir cette prise de position en faveur d’un cessez-le-feu et contre l’épuration ethnique, une partie de la gauche les a accusé d’hypocrisie et d’opportunisme. Nous pensons que l’urgence de la situation devrait au contraire amener à accueillir cette évolution, même lorsqu’elle est tardive, comme une bonne nouvelle pour l’élargissement du rapport de force en faveur de l’arrêt du massacre en cours.
Depuis le début des bombardements, nous appelons à la constitution d’une mobilisation sans exclusive pour le cessez-le-feu. Étant donné la situation dramatique à Gaza, ce mot d’ordre a une dimension d’urgence. Sans taire nos désaccords, soyons conscient·es qu’un mouvement large incluant la minorité juive sera le plus à même d’obliger le gouvernement français à imposer une pression efficace sur les autorités israéliennes, dans la continuité de ce que font en Israël les familles des otages depuis des mois. Cela implique de dépasser les procès en « sionisme » ou le radicalisme de posture pour accueillir toutes celles et tous ceux qui veulent la fin du bain de sang et qui sont prêts à entraver les projets d’épuration ethnique. La prise de position publique de personnalités ayant une audience importante au sein de la minorité juive est un pas en ce sens, il doit être salué comme tel.
