Vueling : L’antisémitisme ne manque pas d’air

Le 23 juillet 2025, une cinquantaine d’enfants et accompagnant·es d’une colonie de vacances Club Kineret ont été expulsé·es par la police espagnole du vol censé les ramener en France depuis l’Espagne. Une monitrice a été victime de violences policières, menottée au sol à l’aéroport. Si la compagnie et la Guardia Civil dénoncent des comportements non conformes aux règles de sécurité, les enfants, les accompagnant·es et plusieurs témoins affirment que l’élément déclencheur de la mesure policière aurait été l’usage de l’hébreu par certain·es enfants. Il leur aurait été demandé d’effacer toute vidéo prise lors de l’incident. Plusieurs enfants portaient des signes religieux : kippot, tsit-tsit, étoile de David en pendentif.

Si cela était confirmé, il s’agirait d’un acte antisémite. Même dans l’hypothèse d’un chahut – que les temoignages tendent à écarter, d’autant plus en l’absence de toute vidéo en appui des faits reprochés –, l’expulsion du groupe entier et le menotage d’une accompagnatrice choquée par la décision apparaissent comme disproportionnés et donc discriminatoires. Nous apportons tout notre soutien aux enfants et à leurs accompagnant·es.

Mais au-delà de la lumière qui doit être faite sur cette affaire, les réactions politiques sont inquiétantes :

– Le silence de la classe politique et du camp antiraciste d’une part, qui devrait à minima demander des comptes à la compagnie aérienne et à la Guardia Civil

– La diffusion de nombreuses fake news sur les reseaux sociaux : Une photo de cabine de pilotage comportant un drapeau palestinien a ainsi été diffusée. Or rapidement il a été établi que le matricule de l’avion ne correspondait pas. Inversement, certain·es ont prétendu·es que les jeunes expulsé·es avaient entonné des chants racistes, sans qu’aucun témoignage direct ni preuve ne soit apportés, ni que Vueling en fasse mention dans sa communication. Ce type de pratique n’aide personne et rajoute de la confusion. Il faut au contraire établir rigoureusement les faits.

– Certaines personnes, sous prétexte frauduleux de solidarité avec la Palestine ont fait feu de tout bois pour justifier l’action de Vueling : en prenant les justifications de la compagnie et celles de la Guardia Civil pour argent comptant, alors que des témoignages d’autres passager·es la contredisent ; en ridiculisant la lutte contre l’antisémitisme, en l’amalgamant à une strategie de soutien au gouvernement israelien, en niant la réalité de l’antisémitisme et en le présentant comme un chantage victimaire ; voire en justifiant la pratique par des propos ouvertement antisémites. Ces pratiques participent à alimenter la violence antisémite. L’antisémitisme, rendre la vie des juifs invivable en diaspora, n’a jamais fait avancer d’un iota la cause palestinienne, bien au contraire. Déserter la lutte contre l’antisémitisme, ou pire, la combattre justifiant l’injustifiable, est un suicide pour la gauche

Nous condamnons ainsi fermement les réactions comme celle de Daniel Schneidermann, qui considère l’usage de l’hébreu comme une « provocation » dans un tweet ignoble qu’il a depuis effacé. Provocation à l’expulsion d’un avion ici, à des violences physiques et verbales ailleurs, comme en témoigne la récente affaire des personnes déjeunant en terrasse d’un restaurant casher à Londres, etc… L’hébreu est la langue liturgique du peuple juif depuis plusieurs millénaires. Il est utilisé par des millions de Juif·ves, indépendamment de leur positionnement quant au sionisme ou au massacre et nettoyage ethnique en cours à Gaza. Attaquer cette langue en la diabolisant, c’est les attaquer tous·tes et c’est une forme d’antisémitisme. La justification de ces attaques par l’argument de la « provocation » par le simple fait de porter des signes religieux, parler hébreu ou manger dans un restaurant casher, est incontestablement antisémite. Les responsables des actes antisémites ne sont pas les Juif·ves, ce sont les antisémites.

Les personnes à gauche qui croient sur parole la Guardia Civil et une multinationale de l’aviation nous laissent songeur·ses. Le ministre espagnol des transports Oscar Puente appartenant au PSOE (parti socialiste espagnol) soutient la police et la compagnie aérienne et qualifie les enfants juifs français de ce que l’on pourrait traduire par « gamins/sales gosses israéliens » (« niñatos israelis »). Nous reprenons la réponse de Yad Vashem Espagne : confondre l’identité religieuse avec une nationalité étrangère est antisémite (« confundir su identidad religiosa con una nacionalidad extranjera es antisemitismo »).Révélatrice de l’ambiance antisémite actuelle, cette affaire choque particulièrement puisqu’il s’agit de jeunes adolescent·es. Nous appelons à ce qu’une enquête indépendante permette d’établir clairement les faits et au réveil des consciences : aucun comportement, aucune langue, aucune attitude, ne justifie l’antisémitisme. C’est le cas pour tous les racismes.

Révélatrice de l’ambiance antisémite actuelle, cette affaire choque particulièrement puisqu’il s’agit de jeunes adolescent·es. Nous appelons à ce qu’une enquête indépendante permette d’établir clairement les faits et au réveil des consciences : aucun comportement, aucune langue, aucune attitude, ne justifie l’antisémitisme. C’est le cas pour tous les racismes.